Femmes de dictateur by Diane Ducret

Femmes de dictateur by Diane Ducret

Auteur:Diane Ducret [Ducret, Diane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Récit, Biographie
ISBN: 9782266220040
Éditeur: Perrin
Publié: 2011-10-19T06:28:24+00:00


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Bokassa : chroniques de Bangui la coquine

« Un futur empereur ne doit pas se saouler ! »

Catherine Bokassa.

Coup de foudre à Bangui

Diamants sur canapé

Matin du 4 décembre 1977. Une émotion fugitive anime le visage jusque-là impassible de Catherine, lorsque l’imposante couronne se pose sur son front. Celle qui n’était encore qu’une écolière quand elle avait rencontré Jean-Bedel était devenue la femme du Président. La voilà impératrice. Cette émotion, ce visage, un homme à Paris les a remarqués, et ne peut détourner son regard du poste de télévision qui retransmet le sacre du couple Bokassa.

Bangui la coquette se prépare depuis des mois. Le temps d’une journée, le couronnement du nouvel empereur Bokassa Ier fait passer au second plan les malheurs de la population. Tout le monde a participé aux préparatifs, la cérémonie sera grandiose.

Les deux plus grandes richesses du pays participent à l’éclat de la fête. Le magnifique bois de la forêt tropicale orne la salle omnisports de Bangui. Les diamants ont été placés sur tous les costumes, aux doigts de chaque dignitaire, au cou de toutes les femmes honorables.

Que de chemin parcouru ! Jean-Bedel Bokassa a 18 ans quand il entre dans l’armée française en tant que tirailleur. Il a passé plus de vingt-trois ans sous les drapeaux, avant d’être transféré dans la nouvelle armée de sa patrie naissante. Il avait alors le grade de capitaine, et son imaginaire avait été formé au sein de ce qui fut autre fois la Grande Armée. Il en avait adopté les codes et les mythes. Et comme tout bon soldat, son idole restait Napoléon Bonaparte. C’est cette admiration sans bornes qui le pousse ce jour de sacre à rejouer la cérémonie du 2 décembre 1804, celle qui vit le général Bonaparte devenir empereur des Français.

Son costume, une réplique de celui du maréchal Ney, reprend la longue et démesurée traîne de velours et d’hermine que le peintre Isabey avait imaginée alors pour le retour de la France à la monarchie. Un décret règle dorénavant la manière dont on devra s’adresser à l’empereur : « Toute personne saluant Bokassa devra rester à six pas, en effectuant une légère inclinaison de la tête en avant. » Pour lui répondre, les Centrafricains devront utiliser le « oui majesté impériale ». Le texte précise même : « Si la situation impose vraiment une réponse négative, éviter d’émettre un non brutal. » Jean-Bedel ne supporte pas qu’on lui dise non. Un mot qui ne doit même pas exister dans la bouche d’une femme.

Le nouveau Napoléon d’Afrique a 56 ans. Dans le rôle de Joséphine, Catherine Denguiade n’a que 28 ans. Elle est la mère du petit Jean-Bedel Junior, qui assiste sagement, quoique ne pouvant réprimer ses bâillements, à l’accession de son père à la dignité suprême. Assis sur un grand coussin de velours rouge brodé d’or et vêtu de blanc comme un petit officier, il doit demeurer immobile lors de ce rituel figé dans le temps.

Sa mère arbore une robe de la maison Lanvin, confectionnée en lamé or, rehaussée de pièces du même métal, ainsi que de milliers de sequins.



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